Affronter ses peurs pour ne plus jamais en être esclave, tel est le sujet dont s’empare Joël Pommerat, offrant sa poésie subtile aux angoisses de l’enfance. De son écriture personnelle, il adapte le conte de Charles Perrault dans une grande simplicité. Sur un plateau tendu de noir et baigné de clairs‑obscurs, les talons claquent, les cheveux flottent, les voix s’élèvent, intimes et irréelles. Le loup, enveloppé dans les draps de lit de la grand‑mère dévorée, est au centre de cette histoire qui le dépasse. Celle de trois femmes unies par un sentiment très fort et amenées à prendre chacune la place de l’autre dans un mélange de désir et de peur. Trois acteurs flamboyants se distribuent tous les rôles dont celui du narrateur présent sur le côté pour nous dire toute la vérité. Ici, les mots sont choisis et les phrases font mouche. Et l’humour (noir lui aussi) offre le contrepoint au frisson dans ce très grand spectacle. L’ensemble, comme toujours chez Joël Pommerat, est d’une beauté irradiante.