Alban Lefranc a une façon tout à fait personnelle et pertinente de s’inspirer de figures réelles pour créer de véritables personnages de fiction. Après Fassbinder, Nico, Pialat, Mohammed Ali, Steve Jobs s’inscrit bien sûr dans cette collection de vies réinventées mêlant le vrai, le faux, le probable… La pièce commence par cette note explicative : « Un bonimenteur californien connu meurt et le monde entier est en deuil. On comprend le monde entier. Mieux qu’une lotion capillaire ou la pilule du bonheur, l’entrepreneur vendait des surfaces merveilleuses pour rester chez soi avec le monde au bout des doigts. C’était un puritain sans joie, un buveur d’eau, amateur de régimes stricts et de cilice mental, mais il avait une grande faim de révolution et le génie de sa faim ». Le portrait est délibérément monstrueux et le récit nous emmène loin dans l’humour et le grotesque. Car il fallait bien la puissance du théâtre pour faire le point joyeusement et avec insolence sur cette question : de quoi Steve Jobs est‑il le symptôme ?