Conférence proposée dans le cadre du festival Lafi Bala :
Les 30 et 31 octobre 2014, le peuple burkinabè dans ses différentes composantes (travailleurs des villes et des campagnes, couches populaires urbaines du secteur informel, femmes, élèves et étudiants, etc.) et la jeunesse dans un vaste et profond mouvement insurrectionnel ont chassé l’autocrate Blaise Compaoré du pouvoir.
Ils ont mis ainsi un terme à 27 ans de pouvoir oppressif. Cette insurrection populaire est le témoignage vivant de la prise de conscience politique des populations, de leur combativité, de leur esprit de sacrifice dans les luttes populaires pour la démocratie, les libertés et le progrès social. Cet évènement d’une grande portée historique est un moment important pour le peuple du Burkina Faso mais il l’est aussi pour d’autres peuples d’Afrique et d’ailleurs qui y voient un élan salvateur pour l’émancipation populaire ; c’est pourquoi, il s’avère important que des leçons soient tirées de cette insurrection populaire saluée et retenue comme un exemple dans de nombreux pays africains.
La création d’un gouvernement de transition du Burkina Faso a été annoncée le dimanche 23 novembre au soir, par le secrétaire général du gouvernement Alain Thierry Ouattara après plusieurs jours d'intenses tractations. Chargé des pouvoirs exécutifs et législatifs, ce gouvernement se compose de 80 délégués issus de l’armée, des partis politiques, des religieux et de la société civile. Son rôle est d’organiser au mieux la transition politique dans le pays. Le diplomate Michel Kafando a été nommé président de la transition en attendant le retour à l’ordre constitutionnel par le biais des prochaines élections d’octobre 2015.
L’insurrection ayant éclatée durant la période de gestation de Lafi Bala, le fil rouge du festival a immédiatement été réorienté pour traiter au mieux cet événement majeur dans l’histoire du Burkina Faso. Ainsi, un nouvel espace, la « Caravane Citoyenne », a été pensé pour permettre la diffusion de documentaires sur les mouvements citoyens de jeunesse, la censure, les artistes engagés ou encore la presse. Il sera également possible de revivre la journée du 30 octobre, au cœur de l’insurrection, avec notamment la prise de l’Assemblée Nationale. Ces reportages seront diffusés sur un écran de télévision installé dans une caravane, ouverte sur un côté, et réaménagée en salon traditionnel burkinabé. Ces témoignages vidéo seront proposés par l’association burkinabé Semfilms dont l’objectif principal est de défendre et de promouvoir les droits humains et la liberté d’expression à travers l’image. Deux journalistes/reporters seront là pour présenter leur travail et échanger avec le public à l’issue de chaque projection.
Autre coup de projecteur sur le mouvement citoyen au Burkina Faso, deux conférences grand public se dérouleront à l’Auditorium de la Cité des Arts.
La première, le samedi 27 Juin à 17h30, reviendra sur le long cheminement du peuple burkinabé jusqu’à l’insurrection, et sur les éléments marquants qui ont permis sa réussite. Seront présents pour mener la discussion : Smockey, rappeur activiste, membre du mouvement « Le Balai Citoyen » qui a joué un rôle décisif dans la chute de Blaise Compaoré ; Odile Sankara, actrice et comédienne, sœur cadette du « père de la révolution burkinabé » Thomas Sankara, assassiné en 1987 ; Francis Kpatindé, professeur à Science Po Paris et journaliste, collaborateur de RFI ; Sayouba Traoré, écrivain et journaliste à RFI.
La seconde conférence qui aura lieu le dimanche 28 Juin à 14h, traitera de l’influence de l’héritage idéologique de Thomas Sankara dans l’insurrection d’octobre dernier et des enseignements à en tirer pour la politique de la France vis-à-vis du Burkina Faso et des pays de la sous-région. Seront présents pour échanger : Bruno Jaffré, écrivain, auteur de « Biographie de Thomas Sankara, La patrie ou la mort », et Thomas Noirot, écrivain, co-auteur de « Françafrique, la famille recomposée.
