Bärlin (Ghost Rock, Lille)
BÄRLIN est un groupe de low-rock alternatif aux sonorités jazz, un trio composé d’une clarinette, d’une basse et d’une batterie.
De ruelles sombres en clubs enfumés, leur musique est telle une déambulation nocturne dans une ville fantomatique.
Quelques notes de clarinette qui déchirent la nuit, un chant possédé et des nappes de basse enveloppantes font surgir un univers fantasmé, hors du temps, entre grandeur et décadence.
On plonge alors dans les cabarets glauques du Berlin des années 30, dans la ville rêvée de Wim Wenders entre Nick Cave et Tuxedomoon, ou dans les limbes d’un Detroit en ruine, encore hanté d’un blues aux accents sombres, rappelant Morphine et Sixteen Horsepower.
Rythmé par la batterie précise de Simon Thomy, emporté par la basse explosive de Laurent Macaigne et sublimé par le souffle de Clément Barbier (que se soit celui de sa clarinette ou de son chant habité), le groupe est une douce tempête, amenant l'auditeur à la fois dans un film de Wim Wenders et dans un cabaret d'avant-guerre.
Du rock de cabaret jazzy de la superbe Sailor Song aux accents King Crimson-iens à l'aliénante Sour Tenderness, de la déchirante At The Black Horse In à l'inquiétante conclusion Tiny Bird, Bärlin déploie un style certes arty, mais jamais pompeux. On pense à Nick Cave (l'ancien comme le nouveau), certes, mais aussi à ses copains : un Dirty Three dont le Warren Ellis aurait troqué les cordes contre les vents, un Neubauten plus ambient que d'habitude (le superbe diptyque Der Graf et Seefahrt, en partie chanté en allemand). Mais malgré son cortège de références, le trio se veut avant tout porteur d'une ambiance : une ambiance de cabaret, dépravée mais fière, l'ambiance d'un Wim Wenders croisé avec un David Lynch héroïnomane, un jazz perverti croisé avec un post-rock fiévreux.
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