Candide, c’est l’incarnation de l’optimisme naïf, le héros qui voulait croire que « notre monde est le meilleur des mondes possibles ». Avec sa célèbre fable, Voltaire, confrontant son héros à l’horreur du monde (massacres, injustices, fanatisme religieux, esclavage), critique la béatitude enseignée par le philosophe Pangloss. Ce faisant, pour employer une expression actuelle, il la déconstruit… Pour Maëlle Poésy, metteuse en scène de la compagnie Drôle de bizarre qui signe là son troisième spectacle, il s’agit de faire résonner ce texte aujourd’hui, de travailler sur l’absence, la perte, la fuite, la quête de sens qui sont fortement éprouvés par la jeune génération. Elle veut « tourner autour du passage initiatique de l’enfance à l’âge adulte, de l’innocence à la connaissance et de ce que cela implique dans l’élaboration de notre autonomie de pensée ». Dans son parti-pris résolument contemporain, l’énergie des corps, la musique et la chorégraphie font partie de la narration. Cinq acteurs prennent en charge le récit, et à mesure que Candide traverse les pires cauchemars sans en tirer de leçons, la machine théâtre s’emballe. Car c’est aussi du plaisir de bâtir des fictions à plusieurs dont parle ce spectacle.